THONS A 40 MILES DES COTES
Jeudi soir, Hugues m'appelle et me demande si je suis libre vendredi à 7h.
Quand il me téléphone vers 21h30 pour me demander cela, ce n'est pas pour aller chercher des escargots, mais plutôt, partir en bateau au large chercher les rorquals, cachalots, thons ou dauphins.
Le matin quand le réveil sonne vers 6h30, le brouillard nappe la mer et comme j'habite un peu en "altitude" je sais que la couche de brouillard est assez faiblement épaisse.
Appel à Hugues qui chaud comme la braise me confirme le départ.
Je le rejoint au centre,où nous préparons combinaison de 3mm, camera vidéo, palmes masques et tuba.
Nous sommes rejoint par les 2 "gitanos" Raoul (c'est la première fois que je le vois aussi tôt lui !!) et Dany qui dès 7 h du matin se cache derrière ses lunettes de soleil.
Nous rejoignons le bateau avec le matériel et à peine sommes-nous en train de larguer le corps mort de l'avant, le soleil fait son apparition et le brouillard disparait.
De gauche à droite Dany, Hugues et Raoul
Sortie du port, le brouillard se lève à peine
Nous prenons la mer et certazins commencent à regretter le lit qu'ils viennent de quitter car même si la mer est belle, l'humidité est partout !!
Dany a bien dormi, voyons qui en douterait . . .
D'ailleurs, que même j'ai déjà déjeuné et que je vais redéjeuné avec mon paquet qui fera la journée
Nous dépassons les îles Medes et partons vers le large, le nez au vent bien couvert. La lumière est fantastique et la mer nous enchante. Les conditions sont exceptionnelles.
Les discussions vont bon train, et Hugues toujours très pro s'occupe de la barre.
Le cap est pris vers les zones intéressantes que nous connaissons. A 18 noeuds, nous naviguerons pendant 2 heures avant de nous approcher de la zone qui nous convient.
Je vous dit que je suis pas fatigué mais non mais . . .
Sur le trajet, une barre nuageuse nous barre le chemin. C'est très impressionnant, mais nous continuons. La barre se rapproche et soudain elle est à quelques longueurs de nous, sombre, épaisse, impressionnante.
Nous nous regardons, aurions fait tout cela pour rien ?
Mais nous sommes tous décidés, en avant à fond, comme d'habitude.
Une barre nuageuse face à nous
Après 20 minutes dans cette purée de pois, nous remarquons que la lumière augmente, puis aussi rapidement que nous sommes rentrés dans ce nuage qui une immense nappe de brouillard, nous en ressortons.
Après 4 heures de recherche, et des fausses alertes, l'écume sur tribord attire notre attention. Nous pensons qu'il s'agit encore de ces mirages qui hantent notre imagination à force de scruter la mer et les reflets.
En fait la mer bouillonne littéralement et au fur et à mesure que nous nous rapprochons, nous prenons l'ampleur de ce que nous voyons.
Nous sommes à peine arrivé que Hugues est à l'eau avec sa caméra, je n'ai même pas pris la peine de mettre ma combinaison, trop long, je suis dans l'eau avec mes palmes, mon masque à la main et mon tuba dans l'autre.
Je me dirige vers le bouillon, fait une apnée vide mon masque, glisse mon tuba sous la sangle sans faire surface et je regarde autour de moi.
C'est énorme, les petites sardines partent à droite à gauche en boule, et les thons par centaine attaque cette boule de nourriture.
Des écailles de poisson tombent vers les grandes profondeur. Les thons sautent hors de l'eau, la gueule ouverte, un nuage de bulle d'air les suit.
La visibilité est splendide, puisque nous voyons à environ 40 mètres à l'horizontale et en vertical.
Dany descends vers 20 mètres en apnée, je le rejoins vers 15 mètres pour profiter de ce spectacle incroyable.
Les thons passent à droite, à gauche, au-dessous de moi pour aller d'une zone de chasse à une autre. Le banc de thons est énorme, la gueule toujours entrouverte ils sillonent l'espace à une vitesse vertigineuse. Je pense qu'il s'agit de 500 thons sans problème !!!
Je n'en reviens pas. J'en oublie tout y compris le moindre repère de temps, je nage, cris, hurle de joie et manque de pleurer dans mon masque tellement ce que je vois là est grandiose.
C'est certainement le plus beau spectacle qu'il m'ait été donné de voir sous l'eau, même si je dois reconnaître que je pense avoir été gâté jusqu'à présent.
L'échelle du spectacle joue une place importante dans l'impression générale.
Le banc de sardines est séparé en petites boules indépendantes qui essaie de se rapprocher de nous pour se réfugier, en effet les thons se tiennent à 3 mètres de nous environ.
Les animaux font 1m à 1,2 m de long.
Petit à petit le gros de la troupe s'est éloigné de nous, rendant la nage impossible pour les rejoindre.
Nous ressortons de l'eau et échangeons nos impressions.
Nous avons perdu le groupe de vue, donc nous repartons vers une autre zone.
Plus tard dans l'après midi, nous nous mettrons à l'eau avec les grands dauphins, j'en verrais une dizaine en même temps (Hugues me dit 14 !) mais avec une visibilité plus faible 15 mètres environ.
Je descends vers 15 mètres en apnée, immobile et lâche quelques sons rauques dans le tuba, ils s'approchent alors à 3 -4 mètres puis repartent aussi vite qu'ils sont venus, puis reviennent curieux. Les cliquetis sont incessants et me signalent qu'ils ne sont pas loin.
Puis une fois qu'ils sont venus voir ils partent très rapidement vers les grandes profondeurs.
Ici le spectacle n'aura duré que 2 à 3 minutes mais c'est magique.
Ce sont les grands dauphins de 3 mètres de long, à la nageoire dorsale très inclinée vers l'arrière du genre tursiops truncatus.
Je ressors de l'eau, un peu frigorifié, j'ai couvé un truc depuis d'aiileurs, mais la tête remplie de souvenirs à jamais gravés.
Je vous souhaite de pouvoir profiter de ce spectacle.
J'espère que les images de Hugues seront bonnes et je publierai alors une vidéo !
Un diaporama
http://www.mondedusilence.com/Essai/Photos_mer.html